QM.   La science pourrait-elle servir à percer les mystères de la Formula kite ? C’est l’ambition d’un projet scientifique qui rassemble, depuis l’an passé, des acteurs du Centre National de Performance (CNP), de Swiss Olympic, de l’UNIL et de l’EPFL. La récolte de données biomécaniques pourrait servir à optimiser les performances de nos athlètes olympiques.

En 2021, dans les dédales de l’Université de Lausanne, Louis Finiel prépare sa thèse de biomécanique sous la direction du professeur Fabio Borrani. Parmi ses questions de recherche, le thésard s’intéresse aux interactions entre la performance des athlètes et leur équipement. Ce dernier choisi le kitefoil comme support de référence. À quelques encablures de là, Marco Versari, responsable du Centre National de Performance, a vent de cette étude. « Le CNP est intégré au sein du Service Sport Santé UNIL+EPFL. C’est un écosystème incroyable qui nous permet d’être au contact des chercheurs », explique ce dernier. Intéressé par les débouchés potentiels de la recherche du jeune scientifique, Marco Versari se rend à la défense de sa thèse à l’été 2022. « Louis Finiel et son professeur ont mis au point une planche de kite équipée de capteurs de force qui permettent de comprendre l’incidence des appuis sur la navigation. Nous voulions utiliser ce prototype avec nos athlètes, mais, afin d’en bénéficier, il nous a fallu formuler de nouvelles questions de recherche », expose Marco Versari.

Collaboration et développement
Suite à une première récolte de donnée fructueuse, le projet reste au point mort pendant plusieurs mois. Puis après avoir développé une démarche scientifique, Swiss Sailing Team a obtenu le prototype de l’UNIL début 2024. « Nous nous sommes intéressés à l’exploitation de ces données dans un contexte de variables multiples : vent, angles, vitesse, caractéristiques physiques de l’athlète, propriétés mécaniques du matériel, détaille Marco Versari. Nous pensons qu’en récoltant suffisamment de données, il sera possible de définir des optimums de navigation à l’aide d’algorithmes ». Une petite révolution pour la discipline et un avantage de taille pour les équipes de Swiss Sailing Team. À force de navigations sur des planches équipées de capteurs, il sera possible déterminer avec précision quelles configurations seraient les plus avantageuses pour les riders. « Après avoir étayé notre démarche scientifique, nous avons finalement reçu le prototype de l’UNIL début 2024. Cela a permis à Gian Andrea Stragiotti d’effectuer des navigations qui ont confirmé l’intérêt de la démarche. Mais il s’est avéré que les planches de kite ont considérablement évolué depuis la thèse présentée par Louis Fliniel », relate le responsable du projet.

Émulation incroyable
Marco Versari est donc parti en quête de soutiens supplémentaires afin de rendre possible la construction d’un modèle plus abouti. Il parvient à rallier à sa cause des collaborateurs et étudiants de l’EPFL ainsi que la section « Sport Science » de Swiss Olympic. « Grâce à la renommée du CNP et à des collaborateurs de l’EPFL, nous sommes parvenus à réunir une équipe de cinq étudiants ayant déjà travaillé sur des projets renommés tels que le Swiss Solar Boat ou le SP80 ».
En l’espace de quelques mois, le projet passe du virtuel au réel. Non seulement, Swiss Olympic s’est impliquée au niveau financier de manière décisive, mais les équipes d’ingénieurs sont parvenues à développer et envoyer en production une planche connectée entre novembre 2024 et mars 2025. « En moins de six mois, notamment grâce à l’atelier Tarifa Foil Boards qui avait participé au projet pilote, nous avons réalisé un prototype très abouti, dont les caractéristiques sont extrêmement proches des planches utilisées en compétition », se réjouit Marco Versari. Depuis, Gian Andrea Stragiotti, par ailleurs champion du monde U21, a pu multiplier les navigations afin d’accumuler des données. Angle de gîte, intensité des appuis, position des pieds, traction de la barre du kite, une infinité de configurations pourrons bientôt être passées au crible pour mieux comprendre l’influence de l’action humaine sur la performance en Formula Kite.

 

Romain Corbel (EPFL Student), Guilhem Destriau (EPFL Student), Olivier Campiche (Collaborateur UNIL – Scientifique de laboratoire)

Olivier Campiche (Collaborateur UNIL – Scientifique de laboratoire), Guilhem Destriau (EPFL Student), Valentin Belardi (EPFL Student), Felix Schmeding (EPFL Student).

L’équipe Suisse du kite: Karl Mäder, Elena Lengwiler, Gian Andrea Stragiotti et Matthieu Girolet (Coach).

Gian Andrea Stragiotti avec le board de l UNIL+EPFL.